Frank Colin, organisateur d’Air Cocaïne
On peut apprécier ou pas la mode qui consiste à faire des livres, des films, des podcasts sur d’anciens filous, escrocs, brigands, ce qui surprend avec Frank Colin est en tout cas sa franchise. Qui ne signifie pas pour autant qu’il dise tout, réponde à tout. Quelques mois après la sortie de son autobiographie et de la 1ère série* dont il est un protagoniste, entretien sans fioritures avec le Toulonnais.
Ton éditeur a désiré organiser des signatures de ton livre à Toulon. Qu’est-ce que ça a donné ?
Frank Colin : La Fnac, il y en a une à Toulon, a répondu que leur ligne éditoriale sur ce type d’évènements les amenait « à se focaliser sur la BD, la littérature, la pop culture». Le livre d’un ex-prisonnier, enfant de la cité Berthe, ex -garde du corps, ça n’est pas de la littérature, c’est ce que j’ai compris (sourires). Charlemagne, la grosse librairie du centre-ville n’a pas répondu. Par contre, un autre libraire a été réactif et du coup, j’ai pu échanger avec une quinzaine de ses clients, un soir de Mai. C’était enrichissant. Des lecteurs ont pleuré.
Tu es passé en plateau télévision, as tourné une vidéo sur Legend, qui cumule plus de 1,1 millions de vues, as été invité sur RTL TV en Belgique. Qu’est-ce que tu as appris de ces passages devant la caméra ?
FC : Mon éditeur m’indique que, comme j’ai raconté toute ma vie ou presque dans cette vidéo sur Legend, j’ai tué le désir du livre, puisque j’ai tout dévoilé ou presque. En fait, c’est peut-être pour ça qu’elle a été très visionnée ; et en réalité, je n’ai pas tout raconté. Mais j’ai découvert en effet que c’est très compliqué de ne pas répondre aux questions ou d’esquiver celles auxquelles tu ne veux pas répondre, lorsque tu es devant un micro ou une caméra. Quand j’ai commencé enfin à avoir de l’expérience et que RTL TV m’a invité pour aller à Bruxelles présenter le livre et la série, c’est la JAP, la Juge de l’Application des Peines, qui a refusé que je m’y rende. A chaque fois que je me déplace de cette façon, je dois solliciter une autorisation. Elle ne m’avait jamais rencontré au moment où elle a pris cette décision. Elle doit penser que je me balade ou que ça me rapporte de l’argent. J’ai reçu cette réponse à 48h de mon départ pour Bruxelles. Je pouvais faire appel de cette décision mais il aurait fallu que mon appel soit pris en compte et une décision prise en 24H. C’était mort. Finalement, j’ai rencontré ma JAP, qui m’a expliqué son point de vue. Après notre entrevue, elle m’a indiqué que notre rencontre avait été utile.
Tu seras à la Baule, en Septembre pour parler de l’expérience client, lors de la 11ème édition d’ECTFF.
FC : Mon éditeur me l’a proposé. Je crois que je peux témoigner de quelques expériences vécues dont on ne parle pas souvent, de la façon dont les VIP sont traités, des limites qu’il faut mettre parfois, même lorsqu’on veut satisfaire son client. Pendant quelques années, j’en ai eu un seul, riche et exigeant. Un jour, il m’a demandé de tuer une escort girl, sa compagne de l’époque. J’ai dit non. J’ai pensé alors qu’on avait franchi une limite dans notre proximité, qu’il était temps de passer à autre chose.
*Une seconde série serait en cours de production, avec Netflix.
Je m’appelle Frank Colin, j’ai organisé Air Cocaïne, éditions Malpaso-RCM, est disponible ici